La meilleure explication que je puisse donner sur la survenue de l’épuisement / du Burn out, c’est de faire le parallèle avec le film Titanic.

Cette scène pendant laquelle le paquebot passe tout près de la partie émergée de l’iceberg : les personnes présentes sont soulagées car elles pensent avoir échappé au pire, alors que la partie immergée de l’iceberg a percé la coque et conduit à la catastrophe.

Pour le Burn out c’est pareil : on est déstabilisé, on se dit que ce n’est pas si grave car il y a des moments de « normalité », que ça ne va donc pas durer. Les conséquences se construisent malheureusement en sous-marin.

L’épuisement chronique est empreinte de déni chez la personne qui en souffre.

C’est comme une violence psychologique, une emprise : la victime sait au fond d’elle que ça ne va pas, elle est de plus en plus fatiguée, malheureuse, mais elle lutte et apporte des justifications. Ce qui de fait aggrave les conséquences à venir, car le problème prend une ampleur dramatique.

« J’ai toujours été quelqu’un de stressé de toute façon»

« Ça va s’arranger avec le temps »

« C’est une mauvaise passe mais je vais rebondir »

« Je vais essayer des méthodes naturelles, ça devrait suffire quand-même, je n’ai pas un problème grave »

Mais aussi :

« Je suis tellement fatigué, je n’en peux plus »

« Il y a des moments où ça va et d’autres moments où je me demande comment je vais m’en sortir »

« Plus ça va plus je me détache de tout »

Ce sont des phrases que j’entends régulièrement (et que j’ai pu moi-même dire lorsque j’étais en Burn out).

Les proches et la famille des patients, eux, disent souvent :

« Tu es sûr que ça va ? Tu n’es pas comme ça d’habitude. »

« On a du mal à te reconnaître en ce moment »

« Tu n’es plus la même personne »

« D’habitude tu ne réagis pas comme ça »

En épuisement / Burn out, on se découvre des symptômes de plus en plus nombreux et fréquents : maux de tête, fatigue, tachycardie, troubles digestifs, troubles du sommeil, irritabilité, colère, détachement, ambivalence (un coup oui un coup non), pertes de mémoire, difficultés à suivre une conversation, oublis…

Et plus on lutte, plus le temps passe, plus l’état de santé s’aggrave : les signaux sont parfois assez ambivalents (un coup ça va, un coup ça ne va pas du tout). Ils ne suffisent pas à prendre les choses au sérieux suffisamment rapidement mais le résultat final est purement agressif : c’est un traumatisme.

D’où le fait que beaucoup se réveillent un matin et se disent « je ne peux pas y aller, je ne peux pas me lever ».

C’est le vase qui s’est rempli petit à petit de façon insidieuse et qui déborde d’un coup.

Le plus grand risque de cette nouvelle maladie, c’est que les symptômes (psychologiques et/ou physiques) deviennent chroniques et nécessitent une prise en charge bien plus lourde à terme.

Comme une infection : plus on la néglige, plus elle prend de l’ampleur et engendre de lourds risques.